Faire recycler son bateau c’est désormais possible

recycler-son-bateau
11 décembre 2019

Déconstruction et recyclage des bateaux de plaisance, une nouvelle filière est née

 

C’est une première mondiale qui intéresse l’Europe : la France est le premier pays a avoir créé et développé une filière dédiée au recyclage des bateaux en fin de vie.

Cette réussite française a été possible grâce à une réflexion et des études lancées sur ce sujet dès 2004 par la Fédération des Industries Nautiques dans une volonté d’anticiper la fin de vie des bateaux mis sur le marché. 

Aujourd’hui c’est près de 21 centres agréés qui sont opérationnels pour accueillir et recycler les bateaux. Pour en arriver là, il a fallu étudier, modéliser, analyser le marché, calculer les coûts et le modèle économique d’une telle filière. 

Synthèse de ces 16 années d’expérimentation et d’aboutissant d’un projet nautique d’économie circulaire, avec Guillaume Arnauld des Lions, Délégué Général de l’association APER - Association pour la Plaisance Eco-Responsable, chargée d’organiser et de développer cette nouvelle filière :

« La FIN a créé l’APER en 2009 à la suite de nombreuses études et expérimentations sur la déconstruction des bateaux. Le but était de définir le modèle économique et la chaine de valeur de la fin de vie d’un bateau : quel cout cela représente, quelle technique doit-on utiliser, quel déchet pouvons-nous valoriser, quels professionnels peuvent recycler les autres matériaux, est ce rentable ?…

A partir de 2009, il fallait découvrir et connaitre les professionnels de ce secteur tout en informant le grand public. Nous cherchions à mettre en contact les professionnels et les plaisanciers dans le cadre d'une filière volontaire. Mais les coûts de déconstruction et de recyclage restaient à la charge du propriétaire.

En 10 ans, nous avons tissé un maillage territorial de professionnels expérimentés dans ce domaine mais dénombré moins de 2000 bateaux recyclés. Nous faisions face à un taux de transformation, entre les devis et la déconstruction, assez faible. Et nous constations que le bilan économique de la valorisation de ce « déchet » restait négatif. En effet, les matériaux recyclables étaient peu nombreux et demandaient beaucoup de traitement, les accessoires et pièces recyclés n’étaient pas suffisants pour couvrir les coûts de déconstruction.

De plus, nous avions également constaté que le potentiel était insuffisant pour faire vivre une structure dédiée à ce métier. (Nous ne sommes pas à la même échelle que le marché automobile par exemple). »

logo-APER-Slider03.pngEn 2015, une évolution réglementaire permet alors à l’APER d’imaginer un autre modèle. La loi de transition énergique pour la croissance verte est votée et impose, notamment aux constructeurs nautiques, une Responsabilité Elargie du Producteur (responsabilité face à la gestion des déchets finaux générés par leur produit). L’association est alors réorganisée en 2018 et se transforme en éco-organisme, afin de répondre à la mise en oeuvre de cette responsabilité et de candidater début 2019 à l’Appel d’Offre lancé par l’Etat. Elle obtient l’agrément en mars 2019 lui permettant de développer et gérer cette nouvelle filière.

Le financement de la déconstruction et du recyclage d’un bateau est alors modifié. Les coûts de déconstruction (hors transport) sont pris en charge par l’éco-organisme (financé en partie par les adhésions des membres et une dotation annuelle de l’Etat issue de la fiscalité des plaisanciers).

« A l’avenir, l’objectif est de disposer de 35 à 40 centres de traitement ouverts sur l’ensemble du territoire fin 2020, sur la base d’un centre de déconstruction à 150 kilomètres maximum d’un plaisancier et de traiter 20 à 25 000 bateaux sur les 5 prochaines années, tout en développant notre notoriété auprès du grand public et des gestionnaires de port. » Souligne Guillaume Arnauld des Lions.

Concrètement aujourd’hui, comment un plaisancier peut-il recycler son bateau ?

« C’est très simple. Il va sur le site recyclersonbateau.fr, il créé un compte et renseigne sa demande de déconstruction. Puis il choisit son centre agréé le plus proche. Son dossier sera traité puis validé par l’APER s’il n’y a aucun obstacle administratif. Le prestataire prend ensuite contact avec lui pour organiser la livraison et prendre en charge le bateau qui devient alors un « déchet valorisable ». L’Aper se charge également de la désimmatriculation et de la radiation de pavillon, en collaboration avec les administrations maritimes et douanières. Les attestations et certificats constituant la preuve de la déconstruction du bateau sont alors mis à disposition du propriétaire. »

Se débarrasser de son vieux bateau est désormais très simple !! 

A ce jour, aucun autre pays n’est aussi avancé et l’expérience française est prise en exemple au niveau européen (Projet Boat Digest / Groupe de travail de la DG Mare à la Commission européenne).

NB : Il existe aussi l’APER PYRO pour le recyclage des feux de détresses !

APER-PYRO-pub-190x143-768x512.jpg

L’APER sera présent au Salon Nautique de Paris sur le Stand Espace Bleu.